Avignon:l’ancien directeur de la culture défend les expositions d’été au Palais des papes
Dans notre édition du 6novembre,nous abordions la question de la pertinence des grandes et coûteuses exposi- tions d’été au Palais des papes. Un article dans lequel le point de vue critique de Jean-Christophe Ozil,ancien directeur d’Avignon tourisme(ex-RMG), était confronté à celui de JacquesMontaignac,ancien directeur général de la Ville d’Avignon chargé de la culture, aujourd’hui à la retraite mais toujours expert des capitales européennes de la Culture. Ce dernier a souhaité développer ses arguments en faveurdes expositions d’été, dans un courrier qu’il nous a adressé."Il me semble important de vous apporter une réaction de fond qui intègre la dimension juridique et financière, mais aussi culturelle, écrit-il.Il me faut souligner au préalable combien,par conviction, j’estime nécessaire l’application stricte des délibérations des conseils municipaux,ainsique les délégations de services au-delà d’un esprit partisan et politicien car les dérives ont toujours des conséquences imprévisibles et iniques. Ainsi, dès 1992, Henri Coupon,brillant bâtonnier et maire adjoint délégué à la Culture,avait fait voter une convention à l’unanimité des élus, précisant que le délégataire (de la gestion du Palais des papes, Avignon Tourisme, Ndlr) puis- se organiserune exposition annuelle en compensation d’une baisse de recettes pour la ville,par rapport àlarede- vanceverséeparlasociétédé- légataire.Sage précautionap- prouvéepar l’oppositionde droitedevenueplustardmajo- rité et quiaconservé précieu- sement ces modalités. Cette dispositionaétérepriseparle nouveaucahierdeschargessi- gnéen2004enintégrantlare- conductiondu comité d’éthiqueetlesobligationsen- verslacommune, comme le stipulaitl’article7.Ilvadesoi, quel’espritrépublicainimpo- se le respectstricto sensu de ladite convention, au-delà desnominationsouremplace- mentpeujustifiésdusauxva- riations politiques. Après 2005, la nouvelle direction, forte de son poids politique et de sa particulière proximité avec lamajorité municipale a cru bon de nepas respecter les engagements contractuels liés par unvotedu conseil municipal, tantpourles expositions que pour la non-convocation du comité d’éthique, dont je faisais partie. Dans sa dimension culturelle,ledos- sier que j’ai coordonné et écrit, sousl’autorité de Guy Ravier, maire socialiste de
l’époque, Avignonqui a obtenu le titre de capitale culturelle del’Europe enl’an2000 a intégré ces expositionsquimet- taientenvaleurlacitépapale, etcepassageaétéreprisdans lespointsfondamentauxdela Commission européenne qui nous adonné la victoire, sur 44 villes européennes candidates. "Oser présenter ces exposi- tionscommedépasséesetim- possiblesàcausedesassuran- cesprouveàquelpointlamé- connaissance du sujet peut devenirune ineptie. Dans ces conditionsetsil’on suivait cet avis, plusaucune exposi- tionnepourrait êtreorgani- séeor,selonle"Magazinedes arts" les grandes expositions onttripléen30ans,contraire- mentaux proposcités quiaf- firment le contraire. Sur l’expositiondes icônes dupa- triarcatd’Istanbul et du mont Athos, soutenue scientifique- ment parladirectrice du mu- sée du Petit Palais redevenu récemment conservatricedu Palais des Papes, Dominique Vingtain, le prolongement en hiveradémontréqu’ilétaiten- visageable. D’ailleurs l’estime réciproque quenousavons l’unpourl’autre avec ce conservateur ne s’est jamais démentie, ycomprispendant la périodeoùelle aété limo- gée àtort du Palais des papes
parlagouvernancede l’époque. "Ilconvientdoncdeconstater qu’à ce jour, les expositions deprestigeontsouvent brillé parleursuccès, ainsiellesont bienau contrairepermis d’amplifier la dimension culturelledenotreville.Grâce àunegestionrigoureuse,elles se sont le plus souventéquili- brées financièrement ou ont été au pirelégèrement défici- taires.Ellespeuventconti- nuer àl’êtregrâceàde bons gestionnaires, ayant la fibre culturelle,etune bonneéva- luationdesrisques.Celaaper- misànos concitoyensdedé- couvrirdesartistesderenom- mée, vivants ou disparus,et de donner uneimage quidé- passe largement le territoire national. Permettez-moide faireconfiance àces mêmes Avignonnais et aux choix de leurs futurs élus, afin de pou- voir continuer àavoir de l’ambition pour leurville en permettantl’organisation d’expositionsdedimension internationale. Pour conclure je citeraiMontesquieu pour ceuxqui s’autorisent àdon- nerdesleçonsetontpeuparti- cipéaupotentiel culturel de notre ville:«Unhomme n’est pasmalheureuxparcequ’il est jalousé,sison ambition a serviunecausejuste»."